23 janv. 2022

Pour en finir avec la ridicule écriture dite "inclusive"

Bonjour chers auditeurs,

Comme vous le savez, nos amies féministes carburent à l'indignation et elles ont besoin de conflits pour attiser cette indignation, ainsi que pour justifier leur existence.

Or, cela est un problème de nos jours car non seulement les femmes possèdent maintenant  tous les mêmes droits que les hommes, mais de plus, elles jouissent de nombreux privilèges dont les hommes sont privés.

Alors que faire face une telle situation aussi exaspérante? La réponse est simple: elles s'emploient à inventer des problèmes et à imaginer de la discrimination misogyne là où il n'y en a pas.

Ainsi, ces dernières années, les féministes ont décidé de s'attaquer à cette terrible source d'oppression des femmes: la grammaire. Parce que, c'est bien connu, la grammaire humilie, opprime et torture impitoyablement les pauvres femmes depuis des siècles et cela a assez duré! 

Dans les années 60, les femmes brûlaient leur soutien-gorge! Mesdames, le temps est venu de brûler le nouveau symbole de votre abjecte oppression: vos traités de grammaires!

Vous voyez, si ces gens n'étaient pas aussi fanatisés, ce serait drôle.

Qu'est-ce qui peut bien déranger les féministes dans la grammaire, me demanderez-vous? C'est très simple: il s'agit de la fameuse règle de la primauté du masculin. Selon celle-ci, lorsqu'un pronom est utilisé pour remplacer des mots de genres masculins et féminins, on utilisera alors le masculin. Par exemple, plutôt que de dire que les les comptoirs et les armoires sont en vente, on dira tout simplement: "ils" sont en liquidation et ce, même si le mot armoire est féminin.

Il n'y a, bien évidemment, rien de sexiste là-dedans. Il faut être sérieusement disjoncté pour associer un comptoir à un homme parce que c'est un mot masculin et une armoire à une femme parce que c'est un mot féminin. On nage en plein délire. L'objectif de la règle n'est pas d'affirmer la supériorité des hommes sur les femmes, mais tout simplement de simplifier et d'alléger l'usage de la langue française. Imaginez s'il fallait mentionner le masculin et le féminin à chaque fois, cela deviendrait d'une lourdeur abominable. 

C'est pourtant ce qu'exigent les féministes, toutes convaincues qu'elles sont que cette règle a été créée pour perpétuer leur subjugation aux hommes.

Pourtant, il s'agit bien d'un problème qui n'existe que dans leur tête. On pourrait facilement se prêter au jeu pour illustrer l'idiotie de cet argumentaire. Imaginez que j'affirme que cette règle est sexiste contre les hommes parce que, selon celle-ci, les mots féminins ont le privilège d'avoir un pronom exclusif à eux seuls alors que les pronoms masculins sont accessibles également aux noms masculins et au noms féminins. Quelle injustice! Quelle discrimination! Messieurs, exigeons nos propres pronoms exclusivement masculins! La misandrie de la langue française a assez duré!

Cet argumentaire semble ridicule parce qu'il l'est. Ce qu'il faut comprendre, c'est que l'argumentaire qui est mis de l'avant par les féministes ne l'est pas moins.

Bref, ce qu'exigent les féministes est non seulement une horreur qui alourdit la langue française et en torpille la fluidité, mais en plus il s'agit d'une solution farfelue à un problème imaginaire!

Plusieurs féministes affirment que le sexisme a motivé l'établissement de cette règle dès le départ. En effet, au dix-septième siècle, le grammairien Scipion Dupleix aurait justifié cette règle en disant que le genre masculin est plus noble. Ce qu'elles ne semblent pas comprendre, c'est que la «noblesse» dont il parle ici est de considération purement linguistique et n'a aucune prétention à constituer une métaphore sociale selon laquelle les hommes seraient plus nobles que les femmes. Les mots n'ont pas toujours exactement le même sens à travers les siècles.

Dans une entrevue accordée au Figaro, le linguiste Alain Bentolila explique avec clarté pourquoi les exigences des féministes constituent une sombre farce.

À propos de leur exigence de mentionner le masculin et le féminin à chaque fois, il dit:

"Imaginez la complexité d'écriture et plus encore la difficulté d'accéder à une lecture fluide! Beaucoup de bruit pour rien! Car ce que ces bons apôtres ne comprennent pas, c'est que lorsque l'on utilise un mode générique comme dans «un sénateur est élu par de grands électeurs» ou «les sénateurs sont élus…», on se fiche complètement de savoir combien il y a de mâles et de femelles dans l'ensemble ainsi désigné. C'est l'appartenance à un ensemble générique que l'on désigne et non sa composition. Mieux même, toute précision de cet ordre contredirait le choix générique."

Il explique également que le genre des mots en français a été déterminé de manière largement arbitraire et qu'il n'a rien à voir avec le sexe des êtres humains:

"Rien ni personne ne saurait expliquer pourquoi les mots, qu'ils soient oraux ou qu'ils soient écrits, voient leurs sens respectifs portés par telle combinaison de sons, ou par telle suite de lettres plutôt que par une autre. (...) Tous les signes linguistiques sont donc arbitraires et tel est le statut du genre, catégorie de marques distribuées de façon largement aléatoire et qui n'ont que fort peu à voir avec le sexe. Le français possède en effet deux genres, l'un est dit masculin, l'autre est dit féminin. Il s'agit bien de marques genres et non pas d'indicateurs de sexe. Cela signifie tout simplement que tous les noms sont en français distribués en deux ensembles ; l'un qui exige par exemple l'article «la» ou «une» ; l'autre qui impose «le» ou «un» ; l'un qui activera la forme «petite» de l'adjectif, l'autre la forme «petit». Le sens d'un nom ne permet pas, dans la plupart des cas, de prédire à quel ensemble il appartient. Sauf lorsqu'on a jugé utile de nommer différemment certains animaux sexués en détournant ainsi l'usage arbitraire des marques de genres pour obtenir une distinction de sexe."

"En français, le genre est donc simplement une règle d'accord automatique, contrairement d'ailleurs à une bonne partie des langues du monde. Pensez par exemple aux difficultés des anglophones pour savoir s'il convient de dire «le ou la fourchette», «la ou le bière»… On voit donc combien il est absurde d'engager aujourd'hui une lutte des classes … grammaticales. Voir dans une convention morphologique fondée sur le pur arbitraire linguistique un complot machiste manifeste une totale ignorance des faits linguistiques."

Ce linguiste vient de nommer très précisément la nature de l'indignation des militantes féministes: c'est de l'ignorance, pure et simple. C'est une théorie du complot fumeuse élaborée par des gens qui hallucinent de la misogynie partout, même là où il n'y en a pas.

À propos de cette lutte, Alain Bentolila dit ceci:

"(...) choisir le terrain linguistique pour mener cette bataille nécessaire en confondant règle arbitraire et symbole social c'est confondre les luttes sociales et le badinage de salon. (...) C'est donc un pitoyable combat que celui de se battre à peu de frais contre une règle arbitraire en la faisant passer pour le symbole d'une discrimination sociale. L'inculture rejoint alors l'hypocrisie. Il n'est de combat juste que celui que l'on mène lucidement contre l'injustice, l'inégalité et la brutalité qui pèsent sur les plus vulnérables. Ce combat doit tous nous mobiliser! Alors de grâce ne nous perdons pas dans une bataille contre des règles de grammaire qui n'ont jamais causé le moindre tort à la cause des femmes et dont les modifications non seulement ne changeront rien aux inégalités mais plus encore nous détourneront de l'action nécessaire."

Vous serez soulagé d'apprendre que la France ne mord pas à l'hameçon. Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale de la France, vient de bannir l’écriture soi-disant «inclusive» de l’école française. Nous l'en félicitons. C'est la seule chose raisonnable à faire.

Malheureusement, au Québec, une société de plus en plus gynocentriste où les féministes règnent sans partage et contrôlent tout le discours public, la pratique continue à se répandre sans que quiconque n'ose s'y opposer, par crainte d'être marginalisé par l'étouffante culture ambiante. Les gens s'y soumettent donc non pas par conviction, mais sous la menace et la pression sociale.

Dans une de ses excellentes chroniques, Mathieu Bock-Côté écrit ceci:

"Jean-Michel Blanquer rappelle que l’écriture inclusive annonce un désastre pédagogique. Déjà que les règles de la langue française sont exigeantes, si, en plus, on vient les doubler d’un système de codes idéologiques qui, par ailleurs, ne cesse de se complexifier, c’est la possibilité même de l’apprendre sérieusement qui est compromise.

Il faudrait un Jean-Michel Blanquer québécois. Car l’écriture inclusive est bien plus présente ici qu’en France. On se souvient qu’à la sortie du premier confinement, l’administration montréalaise avait imposé à ses employés des séances de rééducation linguistique pour qu’ils apprennent à écrire avec ses codes et ses règles. Cette écriture est de plus en plus présente dans le marketing, dans les communications des organisations, et même dans l’écriture courante des jeunes générations (...) La langue française mérite mieux que ce système d’écriture délirant. Il faut l’apprendre et la chérir, pas la détruire."

Cet assaut diffamatoire contre notre langue a assez duré. 

Chers amis, dites non à l'écriture soi-disant inclusive féministe. 

Dites non aux conspirationnistes qui veulent nous faire croire à leurs lubies. 

Dites non à la destruction de la beauté et de l'efficacité de la langue française. 



2 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. C'est un plaisir de vous retrouver. Je vous avais suivi avec intérêt il y a quelques années raconter vos déboires scolaires. Je vois que chez mes cousins d'outre-Atlantique comme ici, on s'acharne à éradiquer toute pensée critique qui n'irait pas dans le sens qu'on voudrait lui voir prendre.

    Je me rappelle de vos chroniques sur les forts de neige, et votre phrase sur les enseignantes m'avait marqué, qui voient les garçons comme "des filles défectueuses".

    Sinon, connaissez-vous la chaîne de Mos Majorum ? Il fait des analyses d'excellente facture, et lui aussi a subi des déboires et au masquage de nombreuses vidéos pourtant d'intérêt public. J'en profite pour glisser une publicité plus personnelle : le groupe "neurchi de défense du français" sur facebook. J'y publie quelques mèmes pour participer au combat linguistique, à ma toute petite échelle.

    Courage à vous !
    Aurélien

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